La Corneille noire
La Corneille noire présente une distribution discontinue : d’une part en Europe de l’Ouest et d’autre part en Asie depuis la Caspienne et l’Ienisseï jusqu’à l’Océan Pacifique.
La France continentale est occupée par la Corneille noire où elle ne dépasse pas l’altitude de 2 000 mètres. La Corneille noire est résidente mais l’hiver des groupes migrateurs venus d’Europe Centrale viennent s’ajouter aux corneilles autochtones.
Elle affectionne tout particulièrement les zones ouvertes ou semi-ouvertes et d’une manière générale tous les secteurs comportant des cultures.
La Corneille noire est un oiseau de taille moyenne (95cm d’envergure) au plumage entièrement noir avec quelques reflets bleu-vert et un bec puissant.
Il existe une légère différence de taille entre les mâles et les femelles ; ces dernières étant plus petites au sein du couple. Par ailleurs, les oiseaux de grande taille ou de petite taille ont tendance à s’accoupler entre eux.
Une mue partielle (où l’animal conserve toutes les grandes rémiges et les grandes couvertures) est effectuée dans les mois suivants l’envol du nid (entre juillet et octobre). De ce fait, comparativement au brillant des petites plumes nouvellement poussées, les grandes rémiges présentent un aspect passé et « marronnasse ». Ceci constitue un bon critère d’identification des immatures en automne et surtout en hiver car ce phénomène s’accentue.
La deuxième année suivant la naissance, le plumage est entièrement changé. Cette mue commence en avril et se termine en septembre. Après cette mue l’oiseau n’est plus distinguable d’un adulte et il est d’ailleurs probablement mature. L’année suivante, l’oiseau mue totalement entre juin et octobre (Seel, 1970).
Les études comportementales les plus fines ont été effectuées par Charles (1972) en Ecosse et par Wittenberg (1968-1981) en Allemagne.
Il ressort de la plupart des études sur la Corneille noire que la population se scinde en deux catégories distinctes :
-les couples d’une part ;
-les groupes de corneilles non reproductrices d’autre part.
Les oiseaux territoriaux sont dominants par rapport aux individus des groupes de non reproducteurs. Le mâle est plus efficace que la femelle dans la défense du territoire. S’il reste seul, il peut maintenir son territoire et prendre une autre femelle. Une femelle restée seule est généralement évincée et remplacée par un couple issu du groupe de non reproducteurs. Ceci n’est pas toujours la règle : une étude effectuée à Samois/Seine a montré que dans les trois cas où le mâle d’un couple avait été éliminé la femelle restante s’appariait avec un mâle extérieur et conservait son territoire (gaucher : non publié).
Par ailleurs, Charles note cinq types de vocalisations distinctes rencontrées chez les deux catégories mais avec des fréquences différentes. Les corneilles reproductrices différencient parfaitement les couples voisins d’un individu étranger et leur comportement agonistique est beaucoup plus prononcé pour ce dernier.
Les oiseaux non territoriaux essayent de pénétrer dans les territoires soit seuls, soit en couples, soit en groupes. Ces intrusions ont lieu plus fréquemment de janvier à mai, que de septembre à décembre. Le nombre d’intrusions présente un pic en avril. Elles sont quasi inexistantes de juin à août. Les territoires se trouvant près de la zone d’exploitation du groupe des non reproducteurs sont les plus soumis aux intrusions. Le cannibalisme (des œufs et des très jeunes poussins) serait la principale cause d’échec des couvées.